Le jardin de David et Valentin, vers un potager conservatoire ?

Vers un potager conservatoire ?

David et Valentin au potager

Valentin et David dans leur potager en juillet 2020 © Henri Peyre

Quand on pénètre dans le potager de David et Valentin on est tout de suite saisi par son ampleur : la surface cultivée et le nombre de variétés potagères pour une première année d’existence. Le projet semble s'inscrire dans la lignée des potagers conservatoires. Tout y est très bien ordonné car ils aiment que les choses soient structurées, d’abord pour des raisons esthétiques mais aussi pour faciliter l’entretien.
D’autre part, il s’agit d’une aventure familiale entre un père et son fils, un tandem de jardiniers qui se complètent dans leur participation mais aussi dans leurs objectifs.

Déjà 1 400 m² de cultures potagères
pour cette première année

1400 m² de cultures potagères

L'allée centrale entre les deux grands carrés potagers en juillet 2020 © Henri Peyre
Notre potager occupe environ 1 400 m² sur un terrain de 2 000 m², le reste est en herbe. Il reprend l’emplacement d’un vieux potager. 

Situé sur une hauteur, il est heureusement plat mais il a un inconvénient : le manque de protection face aux vents et au froid venant du nord. Au sud la haie de laurières du voisin le borde sur toute la longueur, elle aurait été mieux au nord, et à l’ouest ce sont des bâtiments légèrement en retrait qui abritent les containers de récupération d’eau. Il est donc en plein soleil.

une terre profonde et un puits à 5 mètres

une terre profonde qui garde bien l'eau


Une terre légère qui garde bien l'eau en profondeur © Henri Peyre
La terre ici est de bonne qualité : légère, profonde (la roche est à 4-5m de profondeur), elle retient bien l’eau en profondeur.

Une chance : un puits, situé au milieu du potager, à 5 m de profondeur, déjà présent, il permet la récupération d’eau dans des containers grâce à une pompe.

La qualité de la terre fait qu’aucun arrosage n’a été nécessaire entre la plantation mi-avril et ce début juillet 2020. On verra cet été.

deux grands carrés cultivés

fleurs annuelles et vivaces au potager

Fleurs annuelles au potager © Henri Peyre

Nous avons divisé le terrain en deux grands rectangles répartis de chaque côté d’une vaste allée centrale enherbée où se trouve d’ailleurs le puits.

Chaque rectangle est composé de planches de culture de 2 m de large environ. Une petite allée circule entre chaque planche.

On a mis des fleurs vivaces et annuelles qui longent les rectangles de potager. L’intérêt des annuelles est qu’elles fleurissent longtemps pendant l’été, c’est donc gai et coloré, alors que les vivaces ont un cycle plus bref. 

Nous avons mis un grillage autour du terrain pour éviter au maximum la venue des animaux indésirables, bien que ça n’empêche pas les lapins. Derrière ce grillage, on a laissé un coin pour les déchets verts qui seront broyés pour faire du paillage quand on aura du temps ! En 9 mois on est allé à l’essentiel.

Des cultures très variées
au milieu de 142 pieds de tomates

vue sur les 142 pieds de tomates

Vue sur les 142 pieds de tomates © Henri Peyre


Rectangle droit : plants de divers choux (choux de Bruxelles, de Milan, brocoli, romanesco, cabus, chou fleur…), 3 variétés de pommes de terre, oignons, poireaux, 2 variétés de betteraves, blettes vertes et blanches, céleri, salades, aromatiques et fraisiers. C'est le premier côté que nous avons planté si bien que les choux semblent avoir pris beaucoup de place aujourd’hui. On imagine que les autres plants vont se rattraper.

Rectangle gauche : 142 pieds de tomates répartis en 14 variétés anciennes, pastèques  (on voit dèjà des petits fruits) et melons, concombre cornu d’Afrique, haricots verts, poivrons et piments, aubergines, salsifis et carottes, navets (pas fameux pour l’instant), cucurbitacées (patisson, butternut,…)

Plus tard nous planterons quelques fruitiers au fond de la parcelle.

Planning

Valentin au travail

Valentin vérifie les plants de tomates © Henri Peyre

Novembre - décembre 2019 : remise en état du terrain, abandonné depuis plusieurs décennies, par un important débroussaillage. Un labour et un hersage a été nécessaire avec du matériel agricole avant le passage au motoculteur sur une profondeur de 5-10 cm afin d’enlever le maximum de racines et rendre la terre propre à la plantation.
Il a fallu pas mal de temps pour en venir à bout à cause des ronces installées.

Janvier – février : semis préparés pour les 142 pieds de tomates dans une pièce chaude de la maison. Pour cette première année nous voulions réunir toutes nos chances. 

Mi-avril : plantation en pleine terre pour les choux.

Après les saints de glace, plantation des tomates.

Entretien

récupération des eaux de pluie des toitures

Récupération des eaux du puits © Henri Peyre

Nous avons arrosé à la plantation pour aider la reprise des plants et depuis aucun arrosage systématique car nous avons la chance d’avoir cette terre qui retient bien l’eau. Pour l’instant la pluie était pratiquement suffisante malgré le fait que nous n’avons pas encore mis en place de paillage. On verra au cours de l’été, en tout cas nos réserves d’eau sont intactes et sans doute suffisantes.
Les mauvaises herbes ! Nous sommes les rois de la binette pour enlever les premières pousses. Dans les petites allées qui séparent les planches de culture, on passe un coup de motoculteur.

A part la remise en état de la parcelle qui nous a demandé des jours de travail, il faut compter environ le travail de 1,5 personnes/2 jours par semaine pour replanter les pieds de salade, arracher les mauvaises herbes, arroser si nécessaire et ponctuellement, vérifier les éventuelles attaques d’insectes ou de champignons avant qu’un rang entier soit ravagé. Actuellement nous avons des altises sur certains choux, c’est vraiment pas sympa et ça saute. 

apports extérieurs limités


Le Biofertil est le seul apport extérieur : 1 à 2 fois depuis la mi-avril par petites poignées au pied des plants.
Pour l’instant nous n’avons pas de compost disponible, tout est trop récent, mais c’est un objectif au même titre que le paillage de nos déchets verts broyés.
Nous avons également apporté du terreau pour avoir de belles carottes bien droites.

Sur la question des traitements, au total c’est assez simple car il n’existe plus grand-chose sur le marché. Nous avons pulvérisé de la bouillie bordelaise sur les feuilles des tomates préventivement pour éviter le mildiou, c’est un traitement autorisé dans l’agriculture bio. Cette année, le temps a été capricieux au printemps avec alternance de chaud et d’humidité. Nous ne voulions pas perdre nos 142 plants de tomates, le pompon de notre potager !

Autre objectif pour parer certaines maladies : nous ferons nos purins d’orties (nous en avons dans un coin du jardin) et de consoude (nous en avons planté à cet effet).

Une philosophie au carré

planches de cultures

Les plantes sont étiquetées © Henri Peyre

Notre potager est très structuré : allée centrale, 2 rectangles divisés en planches, petites allées pour le travail. Les piquets qui encadrent les rectangles accentuent cet ordre comme les lignes de fleurs.
Tout simplement nous ne voyons pas les choses autrement qu’organisées ainsi. Je ne m’y retrouve pas dans un jardin du genre anglais et puis pour un potager de cette taille ce serait compliqué de l’entretenir s’il était libre. C’est donc d’abord une vision mentale des choses et nous trouvons que le choix des lignes droites est aussi esthétique. Cela fait un potager propre où l’on voit l’intention des jardiniers très clairement. Et bien évidemment il y a aussi une raison de facilité d’entretien.

Une petite perturbation à cet ordre : une planche d’endives au fond du jardin au-delà de nos deux grands rectangles, mais heureusement les rangées sont bien droites !
Nous n’avons pas fait de plans sur papier car tout nous semblait évident. Les seuls plans que nous ferons : les plans de rotation des cultures.

Plein de projets en tête

Ils sont multiples.
D’abord c’est un projet familial (père et fils), un travail à deux, une patience à deux. C’est tout neuf, très motivant, ça donne envie de faire plein de projets.
Ensuite le but est de faire des expériences : on a planté pour cette première année de nombreuses espèces et variétés potagères. On verra au final ce qui marche bien et ce que nous pouvons améliorer . C’est un travail de longue haleine qui demande de l’assiduité et de l’observation, ça nous correspond bien.

Nous avons aussi en tête l’idée de la transmission, faire un lieu d’échange : montrer aux enfants mais aussi aux adultes en demande les techniques et les gestes du jardinier de potager. Pour l’instant c’est encore flou mais on y réfléchit, il faut dire que notre potager n’a pas encore un an ! Encore un bébé. Mais en restaurant la remise attenante, un projet à très long terme, on pourra accueillir des rencontres. Un peu de rêve.